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misme centre deux feux, tel est le vœu qu’il opposa, de concert avec Isabelle, aux sommations du soudan d’Égypte. La reine, en outre, chargea les deux moines franciscains, porteurs des susdites menaces, d’annoncer au soudan la reddition de Baza, dont ils venaient d’être témoins, et, par avance, la prise de Grenade, qui ne devait pas tarder, en effet, à couronner la guerre sainte.

La junte, cependant, s’étant de nouveau réunie à Salamanque, sur les instances de Colomb, avait fini par se déclarer solennellement contre le projet, le déclarant aussi impraticable matériellement que dépourvu de toute base scientifique.

Cet arrêt, un des plus burlesques qui jamais ait été rendu par un corps savant, n’avait exercé aucune influence sur la reine ; elle ne cessait de soutenir Colomb par des promesses dont la sincérité ne pouvait être mise en doute, mais dont l’exécution était toujours rejetée à la fin de la guerre, de cette guerre qui ne finissait pas.

Et les jours, les mois, les années se succédaient avec une lenteur mortelle, années d’attente, de démarches, de luttes stériles, de fluctuations, dont les détails, par la fatigue qu’ils causent au lecteur, peuvent seuls donner la mesure de l’héroïque persévérance de Colomb.

Aux sièges, en campagne, il avait du moins, la diversion du danger et l’exaltation de la cause. Là, il trouvait d’amères délices à exposer, comme la tête la plus vulgaire, une vie dont la préservation merveilleuse lui renouvelait sans cesse le gage de sa prédestination.

Mais les fêtes, ces fêtes où la joie publique semble une insulte aux chagrins privés, les triomphales entrées de ville, les bals, les