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Malaga s’étant rendue en 1487, Colomb, logé, indemnisé de ses frais de campagne, bercé en outre des plus flatteuses promesses, suivit la cour à Saragosse, puis à Valladolid, où il reçut du roi de Portugal une lettre presque suppliante, dans laquelle ce monarque s’efforçait de renouer les relations interrompues, acceptant d’avance toutes les conditions que « son ami particulier » avait mises précédemment à l’exécution de son entreprise.

On était alors à la fin de l’année 1488 ; la guerre traînait en longueur ; les deux rois étaient toujours bien disposés sans doute, mais Colomb, et il le sentait, avait moins gagné que perdu, en raison de cette faveur même, dans l’esprit de ses adversaires.

En de pareilles circonstances, l’offre de Jean II était bien faite pour le séduire ; il n’y répondit, cependant, que par un refus respectueusement mais formellement exprimé.

Ce n’est pas qu’il conservât contre le roi de Portugal le ressentiment d’une injure que celui-ci semblait réparer avec tant d’abnégation et de grâce ; mais Colomb, désormais, ne comptait plus que sur Isabelle.

Le pieux enthousiasme de cette reine lui paraissait pouvoir seul assurer, non pas tant les moyens d’exécution que la réalisation du but suprême qu’il donnait mentalement à son entreprise. Plus que jamais, en effet, la découverte d’une Inde occidentale n’était dans sa pensée qu’un acheminement à la délivrance de la terre sainte, menacée en ce moment même par l’islamisme des plus sacrilèges représailles. S’il n’entrevoyait pas encore toute la portée matérielle de son œuvre, il lui en donnait moralement une bien plus haute et plus vaste que nul conquérant n’en rêva jamais : prendre l’isla-