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M. de Montalembert la proclame « la plus noble créature qui ait jamais régné sur les hommes ».

Parmi ses contemporains, Oviedo se perd dans la contemplation de « cette Âme immense, de cet océan de vertus ». D’autres la comparent à sainte Hélène, mère de Constantin, à sainte Thérèse, à sainte Élisabeth de Hongrie. Pierre Martyr écrit à un des plus illustres Romains de la Renaissance : « Prends pour un feuillet sibyllin, Pomponius, ce que je vais te dire : cette femme est plus forte qu’un homme fort, supérieure à toute âme humaine, un modèle de décence et d’honnêteté. »

Le chapelain de Ferdinand renonce à peindre tant de charmes et de vertus : « Tout ce que le roi, dit-il, possède de grâce, de distinction, de dignité, se trouve réuni, mais à un degré bien plus éminent chez cette reine, la félicité, l’honneur des Espagnes, le plus bel exemplaire de toutes les vertus. »

Enfin, le cardinal franciscain Cisneros, aussi grand savant qu’habile ministre, déclare que le soleil n’éclaira jamais son égale.

Ce dernier personnage n’avait pas seulement été appelé aux conseils d’Isabelle, il avait pénétré à la fois dans son génie et sa conscience, Mais, avant lui, la reine avait trouvé, dans la famille franciscaine, un directeur qui devait, plus tard, exercer une influence capitale sur l’acte le plus glorieux de son règne.

Juan Perez de Marchena n’avait encore d’autre titre qu’une naissante réputation de science et de sainteté, lorsqu’Isabelle avait choisi pour confesseur ce simple religieux franciscain. Le sujet avait obéi, mais le moine avait soupiré, et bientôt, du consentement de la reine, il avait retrouvé cette ombre du cloître, aussi