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s’étant en effet éclipsé, les sauvages se crurent perdus ; ils accoururent en foule se jeter aux pieds de Colomb qui, désarmé surtout par leurs offrandes, leur rendit l’éclat de la lune en échange des provisions qu’ils s’étaient hâtés de lui apporter.

Par surcroît de bonne fortune, à peu de jours de là, il reçut de Saint-Domingue un petit tonneau de vin et un quartier de porc, avec promesse d’un navire qui le viendrait quérir avec tout son monde.

C’était, pour le moment, tout ce que daignait offrir à Colomb ce même Nicolas de Ovando, qui lui avait précédemment refusé la libre pratique de l’Isabelle.

Au reste, le navire suivit d’assez près la promesse, et on va voir en outre que le politique Ovando n’avait pas perdu de temps pour se mettre en état de recevoir convenablement et sans risques Christophe Colomb et son frère Barthélemy.

On n’a oublié ni les visites de ce dernier à la reine Anacoana, ni la profonde sympathie qu’avait toujours éprouvée cette noble femme pour les Colomb, et on peut en conclure que le jaloux Roldan en avait touché quelque chose au lâche Ovando, qui d’abord y avait attaché fort peu d’importance ; mais l’approche des Colomb — leur ombre eût suffi, — et pour le coup l’absolue nécessité de les accueillir, avaient inspiré à cet habile homme la crainte de je ne sais quel complot, qu’il lui importait de déjouer.

À cet effet, et ne voulant pas d’ailleurs faire trop attendre des hôtes tels que l’Amiral et l’Adelantado, il avait couru, en personne offrir le divertissement d’un carrousel à la belle reine de Xaragua. Celle-ci n’avait pas manqué de s’y rendre avec toute sa cour et les