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volonté arrachés avec tant de peine pour sa première expédition, il aura sous ses ordres une escadre de dix-sept navires, montée par sept cents hommes, tant soldats que matelots, colons, gentilshommes, artisans de tout métier, et s’il n’en a pas davantage, c’est qu’il en aura lui-même fixé le nombre, car on aura pu compter par milliers les personnes de toute condition qui ont demandé à suivre sa fortune.

Enfin, muni de pouvoirs illimités, emportant avec lui tous les éléments, tous les instruments de colonisation qu’aura pu imaginer son expérience, jointe à la maternelle sollicitude de sa reine ; pourvu lui-même par celle-ci d’un domestique élevé à trente personnes, dont dix écuyers portant l’épée, il appareillera de Cadix.

Sa traversée sera aussi heureuse que rapide ; il abordera, comme il l’aura voulu et ménagé, non pas au port de Saint-Domingue d’où il était parti, mais sur les côtes habitées par ces Caraïbes anthropophages, objet de ses plus ardentes recherches, pendant les derniers mois de sa première expédition ; et alors… alors commencera pour lui une série de contre-temps, de déceptions, de luttes, puis de revers, puis de désastres, que nous ne saurions passer sous silence ; mais sur lesquels on nous pardonnera de ne point insister. C’est un privilège des héros, qu’avec le temps, leur gloire absorbe peu à peu, dans la douceur de son éclat, ce que les persécutions qu’ils ont souffertes auraient de honteux pour l’humanité.