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C’est au milieu de telles et bien autres manifestations que Colomb arriva au palais et bientôt dans la salle splendide où l’attendait le couple royal, entouré des plus grands dignitaires des deux couronnes et de l’Église. À sa vue, emportés par un même mouvement, Isabelle et Ferdinand s’étaient soulevés de leurs trônes, mais déjà Colomb fléchissait un genou devant eux et s’apprétait à leur baiser les mains suivant l’étiquette ; la reine ne le permit pas : avant même qu’il eût pu mettre un genou en terre, elle lui désigna un siège auprès d’elle, lui enjoignant de se couvrir comme il convenait à sa qualité. Elle ne s’assit elle-même qu’après s’être vue obéie.

Aussitôt qu’il se fut remis de l’émotion due à un tel accueil, il commença un récit détaillé de son expédition. Les deux princes ne pouvaient se lasser de l’entendre, soit qu’il répondit à leurs demandes en leur donnant des renseignements sur les ressources du nouveau monde et sur les échantillons qu’il leur en faisait passer sous les yeux, soit que, cédant à l’inspiration, il exposât les grands résultats à venir de sa découverte pour la gloire de Dieu, le bonheur et la sanctification de l’humanité.

Ce fut par un de ces tableaux, expression de la plus sublime candeur, qu’il termina cette longue exposition, et telle en fut l’impression sur le roi, la reine, la cour et le peuple, que tous ils tombèrent en même temps à genoux, et, versant des larmes de joie, entonnèrent un Te Deum, que la ville entière répéta bientôt après eux.

Cette noble scène qui, suivant le bon et saint évêque de Chiapa (il en était), fit éprouver aux assistants un avant-goût des délices du paradis : ce Te Deum, chanté par tout un peuple à genoux,