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d’or battu ; tantôt on leur parlait d’un fleuve qui roulait de l’or dans ses sables ; plus loin, à l’est, l’or était si commun qu’on n’avait qu’à se baisser pour en prendre. Un vieillard alla jusqu’à dire qu’une des îles d’où il venait n’était tout entière qu’un rocher d’or.

Colomb n’ajoutait qu’une foi médiocre à ces paroles suivies de trop peu d’effets. « Quoique ces gens, écrivait-il, ne demeurent pas loin du pays où l’or se trouve en abondance, je crois qu’ils n’en ont que très peu. » Et en effet, s’ils en avaient eu davantage, ils l’auraient donné sans hésitation pour des verroteries, des lacets rouges, des aiguilles, et principalement de ces grelots, merveille des merveilles, dont le son clair et joyeux exaltait jusqu’au délire leur infatigable passion pour la danse. Pour pouvoir s’attacher aux poignets ou à la cheville du pied ces aiguillons, ces ailes sonores, ces chuq-chuq, comme ils les nommaient, ils donnaient tout ce qu’ils avaient : des perroquets apprivoisés, des arcs, des flèches travaillées avec un goût barbare et charmant, de tout petits tabliers de coton, du pain de cassave, des fruits, des parfums, des épices cet autres denrées de toute sorte.

Ces mêmes objets, du reste, il les offraient souvent pour rien, pour le seul plaisir de donner ; aussi Colomb inférait-il justement de tant de libéralité que les contrées où naissait l’or n’étaient pas en leur possession, mais bien en celle des Caraïbes ou Caribes, Peut-être même n’auraient-ils pas été fâchés que l’Amiral et sa petite troupe de dieux allassent disputer cet or à de si cruels ennemis de leur race.

Mais où Colomb retombait dans une erreur autorisée par les plus étranges rapports de sons, c’est lorsque ayant entendu donner