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pauvre étranger, qui, naguère, sans les Pinzon, n’aurait pu mettre en mer une caraque.

Pendant que le traître Alonzo Pinzon se ménageait laborieusement cette dure épreuve, l’Amiral poursuivait le cours de ses découvertes dans l’île d’Hispaniola que, pour éviter toute confusion, nous appellerons Saint-Domingue, d’un nom qu’elle reçut depuis.

Le premier point où il aborda, après en avoir relevé quelques autres moins propices à ses desseins, fut un port, qui, par exception, a gardé son nom primitif de Saint-Nicolas.

Là, ses premiers soins, en vue peut-être d’un futur établissement dans l’île, furent d’entrer en relations intimes et suivies avec une population qui lui avait paru de race sinon supérieure, du moins plus avancée que celle des îles précédentes. La peau des naturels de Saint-Domingue était plus blanche, leurs traits plus réguliers, plus semblables aux nôtres, et généralement beaux, surtout chez les femmes. Ils vivaient dans une nudité un peu moins complète, et chaque homme, à l’exception des chefs, n’avait qu’une seule femme. Ils savaient tant bien que mal cultiver un sol qui fournissait de lui-même à la plupart de leurs besoins. Ils avaient de larges et bonnes routes. Leurs huttes, à plus d’un compartiment, et souvent accompagnées de galeries rustiques, étaient entretenues avec une extrême propreté ; celles des chefs, spacieuses et commodes, n’étaient même pas dépourvues de quelque élégance. Enfin un groupe de mille habitations, qu’on rencontra à quatre lieues de la côte, s’il ne répondait pas aux séduisantes descriptions de la fameuse Cipango, pouvait bien passer à la rigueur pour une ville.