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ses explorations en débarquant dans une autre île, qu’en l’honneur du roi d’Aragon il nomma Ferdinanda. Là, il trouva matière à des remarques curieuses. « Par les mœurs, dit-il, le langage et en toute chose, les habitants de Ferdinanda ressemblent à ceux des autres îles, si ce n’est qu’ils ont quelques vêtements et sont moins sauvages et plus fins… ils savent mieux marchander que les autres. Je n’ai trouvé aucune trace de religion, et je crois qu’ils se feraient aisément chrétiens, parce qu’ils ont beaucoup d’intelligence.

« Les poissons, dans ces îles, diffèrent des nôtres à miracle ; il y en a de faits comme des coqs et dont les couleurs sont les plus belles du monde ; il y en a de bleus, de jaunes, de rouges, et d’autres couleurs, toutes si merveilleuses, qu’il n’y a personne qui ne prenne le plus grand plaisir à les voir.

« Cette île est très verte, de surface plane, et très fertile… J’y vis beaucoup d’arbres, quelques-uns semblables aux nôtres, mais la plupart si différents, que c’est comme le jour et la nuit. Ainsi, par exemple, sur un de ces arbres, une branche avait les feuilles comme celles du roseau et une autre comme celles du lentisque, et ces arbres, réunissant cinq ou six formes différentes ne sont pas entés, comme on pourrait le croire en attribuant aux effets de la greffe une telle diversité. Bien loin de là, ils naissent et croissent sans culture sur les hauteurs et dans les forêts. »

Cette dernière observation, une méprise, s’explique par la multitude de plantes grimpantes ou parasites propres à la flore du nouveau monde. Ne la regrettons pas, cette erreur presque enfantine d’un grand homme ; jamais les Châteaubriand, les Cooper, les