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savants et peu lisibles. Il réussit mieux dans le barbare que dans l’antique, et il est plus animalier qu’historien, psychologue ou philosophe. Ses portraits d’animaux, qui sont faits dans l’intention de rabaisser l’homme ou de l’égaliser à ses frères inférieurs, constituent une galerie éclatante et la partie la plus originale de son œuvre. Mais presque partout, que Niobé s’indigne contre les dieux, que Çunacépa se sauve à travers la sombre forêt, que le sinistre Corbeau raconte ce qu’il vit et ce qu’il fit au Golgotha, ou que nous écoutions des pantoums malais : ce sont les rancœurs, les anxiétés, les haines, les mélancolies, les nostalgies, les amours trompées du poète qui prennent ces formes dramatiques ou pittoresques, visant toujours à la beauté sculpturale, au bas-relief.