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aux âmes méditatives ou rêveuses, et encore plus à l’âme des poètes, son imagination s’est tournée vers les grands pays mélancoliques de brume et de neige. Il a vu, goûté, aimé et peint la nature dans son souvenir ou dans ses songes. C’est ce qui explique le caractère toujours général de ses peintures.

Il continuait, dans sa lettre à Jean Dornis : « La solitude d’une jeunesse privée de sympathies intellectuelles, l’immensité et la plainte incessante de la mer, le calme splendide de nos nuits, les rêves d’un cœur gonflé de tendresse, forcément silencieux, ont fait croire longtemps que j’étais indifférent et même étranger aux émotions que tous ont plus ou moins ressenties, quand, au contraire, j’étouffais du besoin de me répandre en larmes passionnées. » C’est