tes a un langage pour l’âme qui le regarde et l’écoute. Quand la rêveuse revint du rivage, un chant était né en elle, un chant qui dira sans fin à la mer :
De mes doigts lourds, Ô mer, je t’ai cueilli des fleurs
Pour enbaumer ta robe aux rayures de flamme,
Dans un jardin semé de rire et de pleurs,
Je t’ai cueilli des fleurs au jardin de mon âme !
« Et comme la mer, les blés de Sainte-Anne des Monts, l’opulence des champs nourriciers, les ciels capricieux du Nord, les vents, la pluie, la poudrerie, la route si parlante et chaque jour si animée par le va-et-vient du troupeau et des hommes, la maison, l’église, cœur des rustiques paroisses, toute la vie simple, saine et tenace du laboureur, tout un horizon aux lignes sévères, ont eu cette fortune que n’ont pas encore toutes nos provinces, de mettre leur reflet dans cette âme profonde, d’être magnifiés par les mots attendris d’un vrai poète.
« L’œuvre de Blanche Lamontagne répond à notre mentalité. Nous nous reconnaissons dans ses poèmes. Les semeurs évoqués par le poète ont l’air du pays. Ils font nos gestes. Bons yeux de grandmère, de vieille tante, d’aïeul ont le regard de nos parents. Leurs silhouettes sur les champs, au secret des maisons, nous font penser aux nôtres. Elles semblent des silhouettes que nous avons vues.
« Ses paysages sont vrais, comme les gens. Ils ne se figent pas comme des natures mortes. Ils vivent. Ils sont des états d’âme. Le rêve, on le sent, les enveloppe de sympathie humaine. On se prend à les aimer comme l’auteur.