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Laure Conan



La publication d’un livre par un auteur féminin, à une époque où la littérature féminine était à peu près inconnue, n’était pas un événement ordinaire. Aussi lorsque Laure Conan[1] publia, en 1879, Un amour vrai, le premier roman écrit au pays par une main féminine, causa-t-elle une surprise. Quel était, se demandait-on à Québec, cet écrivain qui faisait ainsi une intrusion aussi osée dans le domaine des lettres, jusque là réservé aux annalistes de nos communautés religieuses et aux hommes cultivés ? On apprit bientôt que c’était une jeune fille modeste et pieuse, vivant au village de La Malbaie, et l’on s’aperçut qu’elle était douée d’un beau talent et était destinée à se créer une réputation enviable dans le monde des lettres. On commença à l’admirer, à la louanger, et à l’excuser de s’adonner à l’art littéraire. L’histoire qu’elle nous raconte dans Un amour vrai est des plus captivantes ; c’est l’histoire d’un jeune protestant qui se convertit à la mort de celle qui avait en vain aspiré à sa conversion pour l’épouser, et qui dans la suite se consacre même à la vie monastique.

  1. Sœur de M. Charles Angers, ancien député de Charlevoix aux Communes du Canada, et avocat à La Malbaie.