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DE LA BERGERIE.

Que l’hyuer
Receloit dedans nos veines.
Tu vois en ce temps nouueau
L’eſſain beau
De ces pillardes auettes
Volleter de fleur en fleur,
Pour l’odeur
Qu’ils muſſent en leurs cuiſſettes.
May vantera ſes fraiſcheurs,
Ses fruicts meurs,
Et ſa ſeconde roſee,
La manne & le ſucre doux,
Le miel roux,
Dont ſa grace eſt arroſee.
Mais moy ie donne ma voix
À ce mois,
Qui prend le ſurnom de celle
Qui de l’eſcumeuſe mer
Veit germer
Sa naiſſance maternelle.


Ceſte deſcription du mois d’Auril, inuita vn Berger de la compagnie à chanter les louanges du mois de May, aduertiſſant vn ſien amy d’auoir ſouuenance de ſes amours, en ſi gaye & ſi belle ſaifon, diſant.



MAY.


Pendant que ce mois renouuelle
D’vne courſe perpetuelle
La vieilleſſe & le tour des ans :
Pendant que la tendre ieuneſſe
Du ciel remet en allaigreſſe
Les hommes, la terre, & le temps.
Pendant que l’humeur printaniere