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PREMIERE IOVRNEE

De la nature, deſſerre
Vne moiſſon de ſenteurs,
Et de fleurs,
Embaſmant l’Air, & la Terre.
Auril, l’honneur verdiſſant,
Floriſſant.
Sur les treſſes blondelettes
De ma Dame, & de ſon ſein,
Touſiours plein
De mille & mille fleurettes.
Auril, la grace, & le ris
De Cypris,
Le flair & la douce haleine :
Auril, le parfum des Dieux,
Qui des cieux
Sentent l’odeur de la plaine.
C’eſt toy courtois & gentil,
Qui d’exil
Retires ces paſſageres,
Ces arondelles qui vont,
Et qui ſont
Du printemps les meſſageres.
L’aubeſpine & l’aiglantin,
Et le thym,
L’œillet, le lis, & les roſes
En ceſte belle ſaiſon,
A foiſon,
Monſtrent leurs robes écloſes.
Le gentil roſſignolet
Doucelet,
Decoupe deſſous l’ombrage,
Mille fredons labillars,
Fretillars,
Au doux chant de ſon ramage.
C’eſt à ton heureux retour
Que l’amour
Souffle à doucettes haleines,
Vn feu croupi & couuert,