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DE LA BERGERIE.

lieux ſe voyoit le pampre verdiſſant qui commençoit à deſueloper ſes fueilles largettes decoupees, vn peu iauniſſantes ſur les bords, & emperlees de roſee comme de petit duuet, qui les rendoit argentees quand le ſoleil rayonnoit ſur ce couſtau. Ie vous diray quelques petits vers ſur la deſcription du mois d’Auril, que ie trouuay tout fraiſchement grauez auec la pointe d’vn poinçon ſur les appuis de ceſte terraſſe, riche de cent chiffres, deuiſes & entrelas, eſtant le receueur ordinaire de telles reſueries & coleres paſſionnees de l’Amour. Ils commençoyent ainſi.



AVRIL.


Auril l’honneur & des bois,
Et des mois :
Auril, la douce eſperance
Des fruicts qui ſous le coton
Du bouton
Nourriſſent leur ieune enfance.
Auril, l’honneur des prez verds,
Iaunes, pers,
Qui d’vne humeur bigarree
Emaillant de mille fleurs
De couleurs,
Leur parure diapree.
Auril, l’honneur des ſoupirs
Des Zephyrs,
Qui ſous le vent de leur ælle
Dreſſent encor és foreſts
Des doux rets,
Pour rauir Flore la belle.
Auril, c’eſt ta douce main,
Qui du ſein