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LES VENDANGES DE LA GALINIÈRE

vant la terre féconde, célébrant par des chants sa joie sainte, mêlant sa voix, dit-on, à celle des oiseaux, et leur disant comme le Saint d’Assise : Venez, mes sœurs les avettes et louons le Seigneur… Son salaire passait dans la besace des pauvres ou dans le sac des pélerins si nombreux alors sur nos chemins, car, on le sait, Béziers jalonnait la route de Saint-Jacques…

Il n’était que le serviteur, mais volontiers on l’eût pris pour le maître. Il l’était par la dignité de ses manières, la gravité de son visage, sa taille cambrée par l’habitude du labeur en plein air, et cette noblesse du geste, lorsqu’il conduisait le pas majestueux de ses bœufs et que l’aiguillon dans sa main prenait l’autorité d’un sceptre. Sa voix avait l’hésitation de ceux dont le respect est la règle, et l’on sentait dans ce Simple, quelque chose d’infiniment grand…

C’est vers ce Juste que Dieu députait ses Anges…

Il avait commencé ses prières nocturnes lors-