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LES VENDANGES DE LA GALINIÈRE

avant deux mois, ne pouvait être récoltée ets maigre provende…

Et un jour, ce cri retentit dans la ville : il n’y a plus de vin !…

Or, qui dira tout ce qui peut tenir pour Béziers dans ces mots : il n’y a plus de vin ?…

Autant dire l’arrêt de la vie ! Plus de marchands au drapeau avec leurs petits pavillons tricolores emmanchés d’un roseau, plus de processions infinies des longues charrettes, chargées des lourdes barriques, plus de Messieurs affairés, sur les Allées, le vendredi…

Il n’y avait plus de vin !… Tristes et résignés, les Biterrois durent s’accommoder de l’eau de leurs fontaines… Ils pâlirent, ils maigrirent, ils n’avaient plus de vin…

Mais la disette avait une suite plus grave : lorsque les Maures eurent repris le chemin de l’Espagne, et retrouvé leurs mosquées de marbre et leurs patios parfumés d’orangers, les sacristains des églises de Béziers, — il y en avait vingt-cinq en tout disent nos vieilles chroniques —,