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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

ment un voile s’était étendu sur ses croyances, et la foi, dans ce cœur de vierge, dormait.

Dans ce sommeil, un grand amour vivait ! Gersinde aimait de toutes les forces : de son âme la cathédrale magnifique à l’ombre de laquelle elle était née. — Elle l’aimait comme nous l’aimons nous-mêmes, avec ses pierres couleur de cuivre, élancées comme la prière, solides comme la foi !

Dès qu’elle avait su marcher, ses pieds, instinctivement, en avaient pris le chemin ; elle en avait fait sa seconde demeure, à toute heure elle y trouvait un refuge d’une ineffable paix. Elle y venait le matin quand les verrières du chœur s’illuminent des clartés du soleil levant, à midi quand le silence y est si doux dans l’ombre fraîche, le soir quand les rayons du couchant lancent mille flèches d’or dans la nef, et que l’astre vient, serviteur docile, baiser les marches de l’autel. Gersinde s’asseyait sur les degrés de quelque chapelle, de préférence dans celle de Notre-Dame-la-Belle, située à droite de l’entrée. Là, la joue sur sa main, elle revoyait, une à une, les beautés