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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

Et tenant l’enfant pour la guider sur les marches trop hautes :

— Demain, dit-il à voix basse, où serons-nous demain !…

Maintenant, dans les ténèbres de cette nuit où nul ne dormit dans la ville, Gersinde étendue sur sa couche étroite, veillait.

Elle ne tremblait pas, car de ses aïeux elle tenait une âme vaillante, et sa mère, catholique et croyante, lui avait fait un cœur fort. Jadis elle avait été baptisée dans la cathédrale par l’évêque, Guillaume de Rocosels, et l’atmosphère dans laquelle elle avait grandie était pure. Mais un jour, autour d’elle, tout s’était obscurci : elle avait entendu des discussions passionnées, elle avait vu les Livres saints rejetés, les sacrements délaissés, toutefois aucun blasphème n’avait jamais souillé la demeure paternelle : l’enfant ignorait le sens de ces doctrines nouvelles, seule-