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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

— Qu’arriva-t-il alors ? interrogea la petite.

— On tua des gens, on pilla des maisons, on brûla des églises, mais rassure-toi, rien de tout cela n’arrivera demain.

On brûla des églises !… brusquement, l’enfant détourna ses regards du camp redoutable. Passionnément, ils cherchèrent du côté de la ville un clocher vermeil qui semblait flotter dans l’air du soir : la cathédrale, dressée dans l’or du couchant, irradiée de lumière, ressemblait à un vaisseau de légende prêt à mettre à la voile vers l’Infini. Un dernier rayon l’embrasa d’un reflet de pourpre qui avait aussi la couleur du sang, et mit aux verrières une lueur livide ; puis tout s’apaisa. Maintenant, autour de la nef magnifique, une buée bleue se posait comme un voile, et la nuit prophétique commençait à verser sur elle le mystère :

« des choses qui s’en vont, ayant à peine été. »

— Qu’elle est belle ! murmura Gersinde.

— Viens, dit le père, ces émotions te font mal, viens te reposer jusqu’à demain.