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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

qu’il aimait comme un père aime sa fille unique, lorsque la mère n’est plus là !

Elle avait treize ans la petite Gersinde, elle était sage, elle était bonne ; son visage aux lignes pures était un peu doré par notre chaud soleil, ses cheveux étaient noirs comme ceux des filles des cités latines, mais ses yeux clairs avaient la couleur des pervenches, héritage peut-être des Celtes, nos premiers aïeux. Ce jour-là sa tunique avait la couleur de l’ambre, et Les plis en étaient serrés par une étroite cordelette d’argent.

— Je veux voir aussi — répéta l’enfant.

Le consul entoura de son bras la taille frêle, et la souleva doucement. Gersinde regarda. La vision la dépassa sans doute, car sans le vouloir elle ferma les paupières et joignit ses petites mains.

— N’aie pas peur, dit tendrement le père, je t’ai souvent raconté l’histoire de notre ville, ce n’est pas la première fois qu’elle soutiendra un siège, souviens-toi de Childebert, des Visigoths, des Sarrazins, de Charles Martel !