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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

figé, le camp des armées catholiques déferlait jusqu’à l’horizon. Sur l’herbe rase, brûlée par l’ardeur de l’été, les tentes multicolores se pressaient dans le crépuscule : là les Français et les Flamands, ici les Allemands, plus loin : les Bourguignons, les Normands, les Aquitains. Devant les tentes plus riches des Légats et des princes, étaient plantées dans le sol des bannières armoriées. Les chevaux étaient parqués dans un coin de la plaine. À part, hideux et farouches, les Truands et les Ribauds, rebuts de la lie même des peuples, mais compléments obligés des armées de l’époque, veillaient autour de feux suspects.

Le silence précurseur des tempêtes pesait sur ces multitudes ; dans les avenues du camp quelques soldats fourbissaient des armes, d’autres, vers le ruisseau de Saint-Antoine, conduisaient des chevaux comme vers l’abreuvoir.

— Je veux voir aussi — dit une voix enfantine, et une ombre mince se glissa aux côtés du consul.

C’était Gersinde, l’enfant de son cœur, l’enfant