Page:Bellaud-Dessalles - Légendes du vieux Béziers, 1923.pdf/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

tique Voie Domitienne, suivie par les Croisés, — son regard parcourut la plaine, et cet homme qui ne connaissait pas la peur, frissonna !

Il n’avait pas tremblé, lorsque au matin même de ce jour ; des listes de noms avaient été portées à l’Abbé de Citeaux, et quelques heures plus tard, son cœur avait à peine battu plus vite, lorsqu’il avait entendu un consul catholique, déclarer devant l’évêque, que, « sans distinction de croyances, tous les Biterrois sauraient mourir ». Mais à ce moment il frémit, non pour lui, mais pour la ville « qui avait chassé les Prophètes », et qui derrière ses remparts vivait sa veillée des armes, en écoutant sonner l’heure du châtiment.

Devant lui s’étendait un vallon peu profond et découvert, où coulait le mince ruban du ruisseau de Saint-Antoine ; sur ses pentes s’élevaient l’église de Saint-Saturnin et celle de Saint-Pierre, à droite vers le Prieuré de Saint-Jean-d’Aureilhan, se dressaient les piliers des Fourches patibulaires, vers l’Est s’étendait le cimetière des Juifs. C’était tout, mais au delà !… Au delà, comme un océan