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L’ANNEAU DE SAINT GUIRAUD

abrité des vents du Nord par une colline plantée d’oliviers, il n’y avait que des roses… Des cyprès et des roses : la mort et la vie !… Des roses de toutes les couleurs, de toutes les espèces, et elles s’étalaient en tapis, s’élançaient en guirlandes, emmêlaient leurs tiges, si bien, que l’on eût cru parfois que sur la même branche fleurissaient les fleurs d’ivoire et les fleurs de corail.

Sur ces choses, d’une croix placée sur la montagne proche, la paix descendait…

Dans ce coin du Paradis, les moines allaient, devisant avec cette joie spéciale des justes et des purs. À la manière dont ils regardaient les étoiles naissantes, la lune nouvelle et les grappes de fleurs, l’on sentait en eux l’âme du Poverello ; parfois, l’un d’entr’eux attirait à lui une rose, et sans la cueillir, il la respirait. Un seul différait parmi ces silencieux ! Il avait, pour prendre le froc, renoncé à cette magistrature organisée jadis par Charlemagne, et il avait gardé de son ministère une facilité d’élocution, une abondance de parole que la vie religieuse n’avait pu tarir. Et