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L’ANNEAU DE SAINT GUIRAUD

l’avait déposé près de lui sur une liasse de chartes. Ce bijou devait peser étrangement au doigt qui le portait : la lourde monture d’argent, était d’une dimension peu commune, et l’opale ondoyante, qu’elle enchâssait, d’une surprenante grosseur, au revers du châton étaient gravées des armoiries chargées d’animaux héraldiques.

Par une propriété singulière, cette opale avait la frigidité d’un glaçon ; l’on peut s’en convaincre, puisqu’elle constitue actuellement, avec la main de Sainte Marthe, le Trésor inestimable de l’église paroissiale de Roujan : à certains jours, on l’impose sur les paupières des malades de la vue.

À l’entrée du Frère Ange et de son compagnon, le Père Abbé releva la tête.

— Que veux-tu de moi, dit-il.

— L’hospitalité pour la nuit, répéta le Passant, je viens du Nord, je vais en Espagne ; l’on ne va pas vite quand on n’a pas d’argent…

— Guiraud regardait le morne visage. Un détail l’avait frappé : en voyant les volumes, l’homme avait imperceptiblement tressailli…