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L’ANNEAU DE SAINT GUIRAUD

Ils s’engagèrent dans une salle, où une cloche dont la chaîne s’était muée en guirlande de fleurs, annonçait les étrangers, puis dans une galerie, où sur les murs étaient peintes des sentences à la louange de ces sources vives, que la Providence avait si généreusement départies en ce lieu. Ils s’arrêtèrent devant une porte.

C’était à la fois la Bibliothèque et le cabinet du Père Abbé. Les rayons chargés de manuscrits en revêtaient les murs, sauf deux baies arrondies, où un moine, précurseur du Beato, avait semé sur un fond d’or des fleurs du Paradis.

Vêtu de la robe blanche et du large scapulaire noir, la fenêtre ouverte sur le ciel lui faisant une auréole, Saint Guiraud, la tête un peu inclinée par l’habitude de se pencher sur les confidences suprêmes, était assis devant un pupitre immense et semblait absorbé par un laborieux travail. Debout près de lui, un religieux de haute taille, l’air grave, presque sévère, semblait en attendre la fin.

Pour soulager la main qui tenait la plume, le Père Abbé en avait ôté l’anneau abbatial, et