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LA VOCATION DE SAINT APHRODISE

miers. Mais à la fin de la longue exode, les voyageurs se pressaient : impatients de trouver pour l’Enfant un asile, troublés par ce pays inconnu, si différent, — à tant de signes magnifiques et étranges, — de l’aride et mélancolique Judée !…

C’était d’abord cette lumière unique, qui tombait du ciel en rayons de feu, et à laquelle la terre semblait renvoyer sa caresse brûlante, la fécondité des champs infinis égayés de coquelicots rouges, la grâce légère des oasis ; plus loin, l’image confuse d’une ville avec des temples, des palais, et des terrasses que dépassaient des obélisques et sur lesquelles dormaient des ibis. Au delà le fleuve sacré, glissant ses flots nourriciers entre ses rives millénaires, et, à l’horizon, irréelles et diaphanes, les trois pyramides : signature historique de la terre des Pharaons.

La nuit était avancée lorsque les voyageurs atteignirent les portes d’un riche faubourg ; le silence régnait et les issues étaient closes. Mais non loin, sous le ciel pur, se dressait une sorte de portique ouvert encore, donnant accès, sans doute,