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L’ÉCHÉANCE DU CURÉ MARTIN

Au milieu de la place s’élevait un monument massif, surmonté d’un buste de bronze. Celui-ci avait été modelé par David d’Angers, — le fils adoptif de Béziers, — alors qu’il préparait la statue d’un autre héros, dont on ne connaît pas assez la vie admirable et douloureuse : Pierre-Paul Riquet.

Ce buste était celui d’un curé de Saint-Aphrodise : Jean-Jacques Martin.

Le gouvernement du 4 septembre, jugea sans doute séditieux ce monument élevé à un des bienfaiteurs de la ville ; le socle fut démoli, la grille arrachée et le bronze relégué, — puis réédifié par un homme généreux, — dans le corridor de la basilique.

Du haut du ciel, Monsieur Martin dut être fort indifférent à cette disgrâce. Dans sa vie, traversée par la plus effroyable tourmente que la France ait connue, il avait vu, — pour s’en étonner, — s’entasser trop de décombres ; et après les épreuves d’une existence vouée à la persécution, à la prison et à l’exil, il avait eu les joies ineffables