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rendra pas de grands services puisqu’il ne comprend pas un mot de français, nous entrons dans le château par une tour carrée au milieu de laquelle s’ouvre un porche encore muni de sa herse et nous nous trouvons devant un spectacle bien digne de l’admiration que d’avance nous lui avons vouée.

Deux palais, bijoux de la Renaissance, taillés dans du marbre rose et dont les dessins sont dûs, dit-on, à un élève de Michel-Ange, s’élèvent à droite et au fond du tableau, tandis que le côté gauche est occupé par les ruines à demi-effondrées du manoir de Louis-le-Barbu.

Les boulets semblent avoir respecté ces merveilles pour lesquelles la foudre a été moins clémente. Des personnages de la mythologie et de la Bible garnissent les innombrables niches des palais roses ; on les enlève en ce moment pour les soustraire aux injures du temps et les remplacer par des moulages. Nous avons assisté au départ de quelques-unes de ces divinités : il était souverainement triste. Couchées et liées sur de grands fourgons elles ressemblaient à des blessées emportées pour mourir loin du palais dont elles faisaient depuis des siècles l’ornement et la vie.