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permet de visiter. L’installation qui rappelle la grande galerie de Mazarin à la Bibliothèque nationale, est somptueuse ; le plafond est peint à fresque et ses lourdes boiseries sont richement sculptées et rehaussées d’or. Un religieux vêtu d’une robe d’un blanc de neige, avec de longues mains soignées de bibliothécaire, nous en fait les honneurs. Avec une grâce charmante, pour mieux nous faire admirer les richesses du couvent, il nous apporte des manuscrits précieux, bibles, évangéliaires dont les couvertures d’or et d’argent sont ornées d’émaux et de pierreries. Et de ces longs doigts blancs il tourne avec précaution les feuillets de parchemin pour nous montrer les miniatures, et ses explications en langue tchèque ajoutent une impression de lointain à l’examen de ces manuscrits d’un autre âge.

Lorsque nous partons, le bon père charge Miss de ses commissions pour un dominicain de Dijon qu’il a connu à Verichoffen, puis il nous dit adieu avec cette gaieté sereine propre aux êtres détachés de tout. Si ce religieux aime passionnément sa vocation et ses livres, le bonheur doit habiter dans cette bibliothèque, un peu trop dorée, des Prémontrés du Hradschin.