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Oh ! le charmant, le joli village, si gentiment groupé autour de son église que surmonte une tour carrée, Les enfants jouent au seuil des fermes, les paysans conduisant des chars à bœufs rentrent lentement ; au bord d’un ruisseau des oies battent des ailes, c’est un doux et paisible spectacle qui contraste singulièrement avec ce nom qui résonne comme la sonnerie d’une charge.

Le curé qu’on est allé chercher, arrive dans son modeste costume laïque : il taillait ses rosiers, nous dit-il, et nous montons à sa suite sur la tour carrée qui sert de clocher. Du haut de cette tour, sur les dalles que nous foulons, le 6 juillet 1809, de 4 heures du matin à 4 heures après-midi, l’Empereur, la lorgnette à la main dirigea la bataille. Le bon curé prend une peine infinie pour nous expliquer : « C’est par ici, dit-il, en montrant l’horizon, que les Français arrivèrent. » Et il nous semble que le siècle remonte son cours, nous entrainant avec lui.

Nous allons ensuite voir la ferme où l’Empereur a logé. Lorsque le fermier comprend ce que nous lui voulons son visage s’éclaire. Il nous ouvre avec empressement la chambre historique dans laquelle une humble statuette en craie placée sur une armoire émeut davantage en ce lieu que le