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entrons d’abord dans une allée qui s’appelle le Prater du Peuple, ou Prater de Polichinelle (les Français ne souffriraient pas cela !) À droite et à gauche sont installés tous les jeux traditionnels de la foire au pain d’épices : chevaux de bois, massacres, montagnes russes qui semblent porter leurs voyageurs jusque dans les nuages, et des cafés, des brasseries innombrables d’où sortent les flonflons des valses et des czardas. La foule s’écrase dans ces établissements, dans les allées et sur les pelouses, qu’égaient les costumes éclatants et bizarres des nounous hongroises et moraves.

Dans la grande allée, nous retrouvons la solitude, mais non le luxe attendu. Les gazons sont à l’abandon, les lacs encombrés de roseaux ressemblent à des marécages et les équipages ne dépassent pas en élégance les plus modestes fiacres parisiens. C’est par cette allée qu’en mai 1807, après avoir traversé l’île Lobau et le Danube, les Français sont entrés à Vienne.