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s’est un peu adoucie. Il y a des vitraux charmants, un orgue qui ressemble à ces jolis meubles anglais du temps de la reine Anne et des rideaux armoriés qui sont d’un goût très pur. Puis nous nous arrêtons sur la place de cette cathédrale, si étrangement calme avec ses maisons d’architecture austère, sa mélancolique fontaine et ses vieux ormes qui ont vu passer les fidèles d’avant Calvin.

Au musée, nous inspirons une telle confiance au gardien qu’il nous y enferme. Nous y voyons un Corot charmant, l’esquisse de Vélasquez pour le Philippe II que nous rencontrerons dans quelques jours à Vienne, une religieuse morte où l’on sent le pinceau du pieux ami de Port-Royal, et des œuvres de Rodin, très nombreuses dans ce musée.

Comme le temps est magnifique et que nous avons quelques heures libres avant le départ, nous allons visiter la villa Ariana, un peu en dehors de la ville, sur la rive gauche du lac. C’est un musée légué, il y a quelques années, à Genève par Philippe Revillod : un millionnaire doublé d’un savant. Ce musée, ou plutôt ce palais, est composé d’une rotonde et de deux ailes dans le goût de la Renaissance. On lit sur la corniche cette inscription pieuse : Deo juvante exegi monumentum. À l’intérieur, l’œil est ébloui dès l’entrée par les