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TRILLES ET VOCALISES

Soit que des complaisants la bruyante fanfare
Au bas d’un feuilleton le proclame un Pindare,
Quand de ses qualités je dresse le bilan,
J’aperçois sa mémoire et cherche son talent.
Loin de moi ce fâcheux dont la froideur s’obstine
A rajeunir des pleurs que versa Lamartine !
Si l’auteur de Rolla follement vous a plu,
Dois-je voir à vos vers que vous l’avez tant lu ?
Et vous, que les bravos d’un public idolâtre
Excitent à franchir la rampe d’un théâtre,
M’assassinerez-vous de ce vers wisigoth
Pour prouver sottement que vous aimez Hugo ?
Si la rage vous prend de saisir une plume,
Je veux qu’à ce grand nom votre verve s’allume,
Mais faites comme l’aigle, et, montant dans les cieux,
Contemplez le soleil sans vous brûler les yeux.
Suivez, suivez l’essor des poètes sublimes,
Du pied poussez la terre, escaladez les cimes,
D’un vigoureux élan fendez comme eux les airs,
Et joignez votre voix à leurs sacrés concerts ;