Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sam obéit, et sautant à cheval, trouva encore moyen de chatouiller son camarade. Andy partit aussitôt d’un éclat de rire immodéré, à la grande indignation de Haley, qui lui allongea un coup de cravache.

« Mal à toi, Andy, fit observer Sam avec une imperturbable gravité. Chose sérieuse, Andy, et toi faire le farceur. Pas bon moyen d’aider massa !

— J’irai à la rivière par la plus court, dit le marchand d’un ton déterminé, dès que les limites de la propriété furent dépassées. Je connais toutes leurs ruses, — ils se creuseraient des chemins sous terre !

— Là ! s’écria Sam, voilà la bonne idée. Massa bouter tout de suite au blanc. Y a deux routes pour aller à grand’ rivière, — route vieille d’en bas ; route neuve d’en haut. — Laquelle massa vouloir prendre ? »

Andy ouvrit de grands yeux à cette révélation d’un nouveau fait géographique, mais ne s’en hâta pas moins de le confirmer avec véhémence.

« À savoir, reprit Sam, Lizie, je le gagerais, avoir pris la route d’en bas, vu qu’elle est la moins fréquentée. »

Quoique Haley fût un fin merle qui de loin flairait la glue, ce point de vue le frappa.

« Si vous n’étiez pas tous deux de si damnés menteurs !… » dit-il en réfléchissant.

Le ton dubitatif de la remarque parut amuser prodigieusement Andy qui se retira un peu en arrière, riant si fort qu’il faillit en tomber de cheval, tandis que Sam conservait la même gravité solennelle et dolente.

« Massa ira par où massa voudra, c’est sûr, reprit-il : au plus court, route d’en haut, si massa pense être la meilleure. — Que nous fait ? même chose pour nous. À présent, j’y songe, route droite être dévidément la plus courte.

— Elle choisira nécessairement le chemin le plus solitaire, pensait tout haut le marchand, sans écouter Sam.

— Pas sûr, reprit celui-ci. Filles avoir leurs caprices !