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CHAPITRE VI.

de l’innocence outragé ; moi qui me suis échiné à courir, à pourchasser, que j’en suis tout en nage !

— Allez, avec vos damnés sottises, vous m’avez fait perdre près de trois heures, tous tant que vous êtes ! En route ! assez de vos frasques.

— Comment, massa, dit Sam avec un douloureux étonnement, vous vouloir donc tuer tout pauv’monde, chevaux et nèg’s ? Nous sur les dents, et les bêtes tout en eau. Oh ! massa, pas moyen de partir avant dîner. Le cheval à massa s’est tout éclaboussé, faut bien qu’on le bouchonne ; et Jerry qui boite encore ! jamais maîtresse nous laisser partir ainsi. — Le Seigneur vous bénisse, massa, pas besoin de se presser tant pour attraper Lizie, c’est pas une si fameuse marcheuse ! »

Madame Shelby qui, à son grand divertissement, avait, de la véranda, suivi toute la conversation, crut alors devoir y jouer son rôle ; elle s’avança vers Haley, lui exprima des regrets polis sur l’accident qui venait d’avoir lieu, et le pria de rester à dîner, assurant que la cuisinière servirait sans retard.

Toutes réflexions faites, Haley, avec une bonne grâce équivoque, se décida à rentrer au salon, tandis que Sam, conduisant gravement les chevaux à l’écurie, le poursuivait de son regard empreint d’une ineffable malice.

« L’as-tu vu, Andy, l’as-tu vu ? dit Sam, quand il se fut mis à l’abri derrière le mur de l’écurie, et eut attaché son cheval au poteau ; — Seigneur Dieu ! lui être aussi amusant qu’un meeting ; le voir danser, sauter, tempêter, jurer après nous ! L’entends-je pas encore ? Jure, vieux coquin (que je dis en moi-même), te plairait-il avoir le cheval tou’de suite, ou bien faut-il que Sam l’attrape pour toi ? Seigneur bon Dieu ! il semble que je le vois encore ! » Et Sam et Andy, s’appuyant contre la muraille, rirent à gorge déployée.

« Fallait le voir rager quand j’ai ramené sa bête ! S’il