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LA CASE DE L’ONCLE TOM.

tie, maîtresse se soulever sur son séant et crier : « Dieu soit loué ! » Maître, tout en colère : « Vous êtes folle ! » qu’il a dit, le maître ; mais maîtresse sait le tourner : Dieu me bénisse ! Le côté de la haie de maîtresse est encore le plus sûr. »

Là-dessus, Sam le Noir gratta sa caboche laineuse qui, à défaut d’autre science, était largement pourvue de celle que prisent le plus les hommes politiques de tous pays et de toute couleur. Il savait, comme on dit, à merveille de quel côté son pain était beurré. Enseveli dans de profondes méditations, il relevait et tiraillait, encore et encore, sa culotte, geste favori qui l’assistait d’ordinaire dans ses préoccupations mentales.

« N’y a pas à se fier à quoi que ce soit, — non, — ce monde ici est une attrape, dit enfin Sam, parlant en philosophe, et accentuant l’adverbe en homme de vaste expérience au fait de bon nombre d’autres genres de mondes, et qui juge avec connaissance de cause ; — j’aurais gagé, poursuivit-il enfin, que maîtresse allait mettre toutes nos jambes après Lizie.

— Pour la ravoir, oui-dà ! mais toi, grand noir nèg’, pas savoir guigner au travers d’une échelle ! maîtresse ne veut pas que massa Haley agrippe le petit à Lizie ; voilà l’histoire.

— Ohé, oh ! cria Sam, avec cette étrange intonation gutturale connue seulement de ceux qui ont vécu parmi les nègres.

— Je t’en dirais encore plus long, poursuivit Andy ; mais il faut amener les chevaux et vite, car j’ai entendu maîtresse s’enquérir de toi. Assez musé comme ça. »

Sam se pressa alors tout de bon, et reparut bientôt, chevauchant d’un air superbe, et se dirigeant vers la maison avec Jerry et Bill en plein galop. Sans rien rabattre de leur fougue, il sauta légèrement de côté, leur fit raser, comme un tourbillon, le bord du montoir, et les arrêta net devant. Le poulain de Haley, bête jeune et