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CHAPITRE VI.

port avec son bien-être personnel, qui eussent fait honneur au plus madré patriote blanc de Washington.

« C’est un mauvais vent celui qui souffl’ nulle part, — vrai ! » dit Sam, d’un ton sentencieux ; et il releva sa culotte par un tour de reins, ajustant avec adresse un long clou à la place d’un bouton absent ; trait de génie mécanique qu’il contempla ensuite avec une évidente satisfaction ; — oui, être mauvais le vent qui souffl’ nulle part ! répéta-t-il ; v’là Tom en bas ! — place en haut pour quelque autre nèg’ ; — pourquoi pas Sam l’autre nèg’ ? — Tom allait par ci, Tom allait par là, toujours la passe en poche et les bottes cirées, lui, Tom, un quasi massa. Maintenant, pourquoi pas le tour à Sam ?

— Ohé, Sam, ohé ! maître veut que tu lui amènes Bill et Jerry, cria Andy, coupant court au soliloque.

— Hé, oh ! quoi qui est en l’air, à présent, petit ?

— Bon ! tu sais pas, p’t-être ! Lizie a pris ses jambes à son cou, et file avec le marmot.

— Va, enseigne à ta grand’mère, reprit Sam, avec un ineffable dédain. Je savais tout ça en masse ; le nèg’ est pas si vert, va !

— Tout d’même maître veut Bill et Jerry sellés et bridés au plus vite ; et toi, moi, et massa Haley, allons courir après Lizie.

— Bon ! nous y v’là. C’est Sam, à présent. Sam est le nèg’. On va voir comment je vous l’attraperai ! maître saura ce que vaut Sam.

— Ah ! mais, Sam ! regardes-y à deux fois, vois-tu ! car maîtresse ne veut pas Lizie être happée ; et la main de maîtresse est bien près de ta laine.

— Eh, oh ! cria Sam, écarquillant les yeux ; comment sais-tu ça, petit ?

— Moi l’avoir entendu de mes oreilles, ce même béni matin, comme je portais à maître l’eau pour sa barbe. C’est moi que maîtresse a envoyé voir pourquoi Lizie ne venait pas l’habiller ; et quand j’ai dit que Lizie était par-