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en ses flancs une grande et flagrante injustice, ne porte-t-elle pas en elle les éléments d’une terrible et suprême convulsion ?

Pourquoi cette puissante influence éveille-t-elle ainsi en toute nation et en toute langue ces gémissements inarticulés vers la liberté et l’égalité de l’homme ?

Église du Christ, lis les signes des temps ! ce souffle puissant, n’est-ce pas l’esprit de celui dont le royaume est encore à venir ? celui dont la volonté sera faite sur la terre comme elle l’est dans le ciel ?

« Mais qui pourra soutenir le jour de sa venue ? — car ce jour vient embrasé comme une fournaise. Il se hâtera d’être témoin contre ceux qui retiennent le salaire du mercenaire, de la veuve et de l’orphelin, « et qui font tort à l’étranger[1] et il brisera en pièces l’oppresseur. »

Ces mots ne s’adressent-ils pas à la nation qui porte et recèle en ses flancs une si criante injustice ? Chrétiens, lorsque vous dites chaque jour : « Que ton règne nous arrive ! » pouvez-vous oublier que la redoutable prophétie associe l’heure de la vengeance à l’heure du rachat ?

Le jour de grâce nous est encore accordé. Le Nord et le Sud sont également coupables devant Dieu, et l’Église chrétienne a un pesant compte à rendre. Ce n’est point en s’unissant pour protéger l’injustice et la cruauté, pour mettre en commun l’amas de ses péchés que l’Union sera sauvée. C’est par le repentir, la justice, la miséricorde ; car l’éternelle loi, qui fait que la pierre de meule s’enfonce dans l’Océan, est moins infaillible encore que la loi plus haute qui fait descendre la colère du Tout-Puissant sur les nations coupables d’injustice et de cruauté.


FIN DE LA CASE DE L’ONCLE TOM.
  1. Malachie, ch. III, verset 2, 5 ; ch. IV, verset 1.