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tion morale, grâce au système qui renverse et pervertit tous les principes du christianisme et de la moralité, ils viennent chercher refuge parmi vous, et demandent : éducation, instruction, religion.

Que devez-vous à ces infortunés, ô chrétiens ? Quoi ! ne leur devez-vous pas ce que tout Américain doit à la race africaine, en réparation des maux entassés sur elle par l’Amérique même ? Les portes de vos églises et de vos écoles leur resteront-elles fermées ? Chaque État se soulèvera-t-il pour les secouer loin de lui ? L’Église chrétienne laissera-t-elle jeter l’injure et l’opprobre à la face des humbles et des souffrants ? Se reculera-t-elle devant la faible main qui l’implore, et son silence encouragera-t-il la cruauté qui les chasse de nos frontières ? S’il en est ainsi, c’est la désolation de la désolation ! S’il en est ainsi, l’Amérique doit frémir ; car le destin des nations est dans les mains de celui qui n’est que miséricorde et tendre pitié.

« Nous n’avons que faire d’eux, dites-vous, qu’ils aillent en Afrique ! »

Que la Providence divine ait préparé un refuge à cette race opprimée, c’est un fait certes des plus remarquables et d’une immense portée. Mais est-ce un motif pour que l’Église du Christ refuse à des proscrits les garanties qu’elle fait profession d’accorder à quiconque les réclame ?

Inonder tout à coup Libéria d’une population ignorante, inexpérimentée, à demi barbare, à peine échappée aux fers, ce serait prolonger indéfiniment cette période de luttes et d’épreuves inhérentes aux commencements des grandes entreprises. Non ; mais que l’Église du Nord accueille ces pauvres souffrants avec l’esprit de l’Évangile ; qu’elle les admette aux avantages de l’éducation religieuse de notre société républicaine ; qu’elle leur ouvre nos écoles jusqu’à ce qu’ils soient parvenus à quelque maturité intellectuelle et morale ; qu’alors elle les