Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/543

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les dernières souffrances, les angoisses suprêmes, devaient être secouées inaperçues. Ô mort ! où est ton aiguillon ?

Ce changement fut évident à tous les yeux. La vivacité, l’allégresse étaient revenues à Tom, jointes à une quiétude qu’aucune injure, aucune vexation ne pouvait plus troubler.

« Quel diable possède Tom ? demanda Legris à Sambo. Ces derniers temps il était terrassé, et le voilà maintenant réveillé comme un grillon !

— Sais pas, maît’ ; p’t-être bien qu’i trame qué’que fuyade.

— J’aimerais assez voir ça, dit Legris avec un sauvage grincement de dents : qu’en dis-tu, Sambo ?

— Y aurait de quoi éclater ! ho ! ho ! ho ! fit le noir gnome, riant d’un rire obséquieux. Seigneur, quelle farce ! le voir s’enfoncer dans la bourbe, être chassé, et se démêler d’entre les épines avec les chiens à ses trousses ! — Ai-je ri à me tordre, cet’ aut’ fois que nous avons rattrapé Molly ! Si j’ai pas cru qu’ils lui laisseraient que les os avant que je pusse la leur tirer des dents ! Oh ! elle doit garder encore de bonnes marques de cette bamboche-là !

— Je compte bien, reprit Legris, qu’elle les portera jusqu’à sa fosse. Mais, Sambo, aie l’œil au guet ; et si le nèg’ a quelque fantaisie de décamper, donne-lui le croc en jambes.

— Fiez-vous-en à moi, maît’ ! Je vous brancherai le raccoun, ho ! ho ! ho ! »

Cette conversation se tenait pendant que Legris montait à cheval pour se rendre à la ville voisine. Revenant de nuit, il eut l’idée de se détourner et de galoper autour des quartiers, pour voir un peu si tout s’y passait dans les règles.

C’était par un magnifique clair de lune ; les ombres des gracieux arbres de l’avenue dessinaient sur le sol