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CHAPITRE XXXIX.

Victoire.


Grâces soient rendues au Seigneur qui
donne la victoire.


Plus d’un parmi nous n’a-t-il pas senti, dans l’âpre et pénible route de la vie, combien, à certaines heures, il lui eut été plus facile de mourir que de vivre ?

Le martyr, en face d’une horrible mort d’angoisses et de tortures, trouve, dans sa terreur même, un excitant, un puissant aiguillon. Il y a combat, lutte, et, par suite, une ardeur, un courage, un frisson vivifiant qui, à travers la crise douloureuse, porteront l’âme au seuil de l’éternelle gloire, de l’éternel repos.

Mais vivre pour s’user, jour après jour, sous une basse, amère, avilissante, écrasante servitude ; sentir chaque nerf se relâcher, s’amortir ; chaque sentiment s’émousser, chaque lueur de pensée s’éteindre, — lent, continu, dégradant supplice de l’âme, où la vie intérieure s’écoule, saignant goutte à goutte, heure par heure, — ah ! c’est là qu’est la vraie pierre de touche de ce que renferme d’or pur le cœur d’un homme ou d’une femme !

Lorsque, face à face avec son bourreau, Tom écoutait ses menaces, et croyait, du fond de l’âme, que sa dernière heure avait sonné, son cœur se gonflait de courage. Il lui semblait qu’il pourrait supporter les tortures, le feu, tout, avec l’image de Jésus et du ciel si proche au delà. Mais le tyran une fois loin, l’ardeur intérieure apaisée, vinrent les angoisses de ses membres las et meurtris, la douloureuse et pleine connaissance d’une abjection, d’une misère, sans espoir, sans rachat, — et le jour fut long à porter.

Longtemps avant que ses plaies fussent fermées, Legris avait insisté pour qu’on remit le nègre aux travaux