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On se rappelle Tom Loker gémissant et s’agitant dans un lit quaker, d’une blancheur immaculée, sous la surveillance maternelle de tante Dorcas, qui trouvait son patient d’humeur aussi traitable qu’un bison malade.

Imaginez une grande femme, digne et spiritualiste, dont le bonnet de mousseline claire surmonte les ondes de cheveux argentés ; au-dessous d’un front large et pur s’ouvrent des yeux gris et pensifs ; un fichu de crêpe lisse, blanc comme neige, se croise sur sa poitrine ; sa robe de soie, brune et luisante, fait entendre un paisible et doux frou-frou, quand elle va et vient dans la chambre.

« Diable ! se récrie Tom Loker jetant de côté les draps.

— Je t’en prie, Thomas, ne te sers pas de pareils mots, dit tante Dorcas, qui rajuste tranquillement le lit.

— Eh bien, je ne dirai plus diable, bonne maman, si je peux m’en empêcher, dit Tom ; mais, vous tenir ainsi dans une étuve, il y a de quoi faire jurer un saint ! »

Dorcas enleva le couvre-pied, unit les draps et les borda ; en sorte que Tom avait l’air d’une chrysalide.

« Je voudrais bien, ami, dit-elle, tout en remettant le lit en ordre, qu’au lieu de jurer et de tempêter, tu songeasses un peu à tout ce que tu as fait.

— Pourquoi, de par l’enfer ! y songerais-je ? reprit Tom. C’est la dernière chose à laquelle je me soucie de penser ! Que tout aille au diable ! » Et Tom bondit de nouveau, dégageant les couvertures et créant autour de lui un désordre universel.

« L’homme et la fille sont ici, je suppose ? demanda-t-il d’un ton bourru, au bout d’un moment.

— Ils sont ici, répliqua Dorcas.

— Ils feront bien de gagner le lac ; le plus tôt sera le mieux.

— C’est probablement ce qu’ils comptent faire ; et la tante Dorcas continua paisiblement à tricoter.