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— Prends garde, Sambo ! je commence à me douter du motif de ta haine contre Lucie.

— Le maît’ sait bien qu’elle a tenu bon cont’ lui, et qu’elle n’a jamais voulu de moi quand i lui a dit de me prendre.

— Je l’y aurais bien amenée avec le fouet, n’était la presse de l’ouvrage, dit Legris en crachant ; ce n’est pas la peine de la mettre à bas pour l’instant. Elle n’est pas forte, avec ça ; et ces filles minces se laissent tuer plus d’à moitié pour en faire à leur tête !

— Eh bien, la Lucie a été diablement fainéante et sournoise toujours ! ça ne voulait rien faire du tout, — et c’est Tom qui a cueilli pour elle.

— Ah ! il l’a aidée, hein ? Eh bien, Tom aura le plaisir de la fouetter. Ce lui sera un excellent exercice et il ménagera la fille ; il n’ira pas à tour de bras comme vous autres, démons !

— Ho ! ho ! ha ! ha ! ha ! rirent les deux misérables : et les sons diaboliques confirmaient le caractère démoniaque que leur reconnaissait le maître.

— Mais Tom et demoiselle Cassy, maît’, ont rempli à eux deux le panier de la Lucie. Je gagerais qu’y a plus que le poids, maît’ !

Je ferai le pesage, dit Legris avec emphase. »

Les deux surveillants poussèrent le même rire infernal.

— Ainsi, continua Legris, demoiselle Cassy a fait sa tâche ?

— Elle cueille comme le diable et tous ses anges !

— Elle est possédée d’eux tous, je crois ! » grommela Legris avec un brutal juron, et il se rendit à la salle du pesage.

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Les malheureuses créatures, épuisées, abattues, défilent lentement une à une, et présentent, avec terreur, leurs paniers.