Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cuisantes vexations de détail que la tyrannie est si habile à inventer.

Un jurisconsulte des plus humains disait une fois : « Le pire usage qu’on puisse faire d’un homme, c’est de le pendre, » Non ; il y a une manière d’en user qui est encore PIRE !



CHAPITRE III

Mari et père.


Madame Shelby venait de partir pour sa visite : Éliza, debout dans la véranda[1] suivait tristement de l’œil la voiture qui s’éloignait, lorsqu’une main se posa sur son épaule. Elle se retourna, et un brillant sourire illumina ses beaux yeux.

« Oh ! Georges, est-ce toi ? Tu m’as fait peur ! que je suis contente que tu sois venu ! Maîtresse est sortie pour toute l’après-midi : viens dans ma chambrette, nous aurons tout le temps de causer. »

En parlant elle l’introduisit dans une jolie petite pièce, ouvrant sur la galerie, où elle cousait d’ordinaire, à portée de la voix de sa maîtresse.

« Que je suis donc contente ! — Mais pourquoi ne me souris-tu pas ? — Regarde notre Henri ! — comme le voilà grand ! » L’enfant, pendu à la robe de sa mère, considérait timidement son père à travers sa longue chevelure bouclée. « N’est-ce pas qu’il est beau ? » dit Éliza. Elle écarta ses cheveux et l’embrassa.

« Je voudrais qu’il ne fût pas né ! s’écria Georges avec amertume. Je voudrais n’être pas né moi-même ! »

  1. Galerie couverte qui fait avant-corps sur la façade de l’habitation, et règne quelquefois tout autour.