Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le lit, les chaises, les sofas, étaient de bambou travaillé, tourné en formes gracieuses de fantaisie. Au chevet du lit, sur une console d’albâtre, un ange, aux ailes reployées, tenait la couronne de myrthe d’où descendait, en plis vaporeux, la gaze rose lamée d’argent, qui remplaçait la moustiquaire indispensable dans ce climat. De légères statues soutenaient des rideaux semblables, au-dessus de chacun des sofas garnis de coussins de damas rose ; sur l’élégante table du milieu, toujours de bambou, un vase de Paros, en forme de lis entouré de ses blancs boutons, et constamment garni des plus belles fleurs, s’élevait au-dessus des livres, des bijoux d’Éva, et de la charmante écritoire d’albâtre ; don de son père, lorsqu’elle avait commencé à prendre goût à l’étude. La tablette de marbre de la cheminée était ornée d’une charmante statuette de Jésus appelant à lui les enfants. De chaque côté, deux vases de marbre s’emplissaient tous les matins des magnifiques bouquets que Tom apportait, avec tant d’orgueil et de plaisir. Deux ou trois tableaux de maîtres, représentant des enfants dans des attitudes gracieuses, paraient les lambris ; enfin, en s’ouvrant chaque jour, les yeux d’Éva ne rencontraient que d’heureuses images de beauté, d’innocence et de paix.

La force factice qui, pendant quelques semaines, l’avait soutenue, déclinait rapidement. On entendait de moins en moins son pas léger sous la véranda : et on la trouvait de plus en plus souvent couchée sur une chaise longue, devant la fenêtre ouverte, suivant du profond regard de ses grands yeux le mouvement alternatif des eaux du lac.

Vers le milieu de l’après-midi, comme elle était ainsi penchée, — sa Bible entr’ouverte, et ses frêles petits doigts oubliés entre les feuillets, — elle entendit tout à coup la voix de sa mère montée à un aigre diapason.

« Allons, petite effrontée ! — quel nouveau tour de ton