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— Je souhaite qu’un jour vous ne vous affligiez pas lorsqu’il sera trop tard ! mais, que vous le croyiez ou non, mes inquiétudes pour Éva, les fatigues au-dessus de mes forces, prises pour la chère enfant, ont développé ce que depuis longtemps j’avais tout lieu de craindre. »

Il eût été difficile de préciser les fatigues dont se plaignait Marie. Ce fut la réflexion que se permit secrètement Saint-Clair, et, comme un être impitoyable qu’il était, il continua de fumer son cigare jusqu’au retour de la voiture, d’où Éva et miss Ophélia descendirent.

Celle-ci, selon sa coutume invariable, avant de prononcer une parole, marcha droit à sa chambre pour y serrer son châle et son chapeau.

Éva, appelée par son père, courut s’asseoir sur ses genoux, et lui conter tout ce qu’elle avait vu et entendu.

Bientôt, de vives exclamations et une grêle de reproches, tombant on ne savait sur qui, firent explosion dans la chambre de miss Ophélia, qui donnait sur la galerie.

« Quelle nouvelle diablerie nous aura brassé ce lutin de Topsy ? demanda Saint-Clair. Elle est l’origine de cette tempête, je le parierais ! »

La minute d’après miss Ophélia parut, traînant la coupable, et dans un violent accès d’indignation :

« Arrivez ici, s’écria-t-elle, venez ; je veux le dire à votre maître.

— Qu’y a-t-il, cousine ?

— Il y a, que je ne puis être plus longtemps harcelée par cette enfant ; c’est passé toute constance : la chair et le sang n’y sauraient tenir. Je l’enferme là, je lui donne un hymne à apprendre par cœur, et de quoi s’avise-t-elle ? de m’épier quand je cache ma clef, d’ouvrir mon chiffonnier, d’y prendre ma plus belle garniture de bonnet, et de la couper en morceaux pour en faire des robes de poupées ! Je n’ai, de ma vie, rien vu de pareil !

— Je vous l’avais assez dit, cousine, reprit Marie, de pareilles créatures ne se gouvernent pas avec des paroles.