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plus, ce dont il avait le plus ardent besoin, — un mot de bonté, affectueusement dit. — Il n’y avait que peu de mois que Dodo était séparé de sa mère ; le père d’Henrique l’avait acheté dans un entrepôt d’esclaves, à cause de sa jolie tête, afin d’en faire l’accompagnement assorti du joli poney. Maintenant c’était l’affaire du jeune maître de le rompre et de le dompter.

Les deux frères, se promenant d’un autre côté du jardin, avaient cependant vu appliquer la correction.

Augustin rougit, mais dit seulement de son air d’insouciance sardonique :

« C’est sans doute là ce qu’on appelle une éducation républicaine, Alfred ?

— Henrique est un petit démon, pour peu qu’on le stimule, répondit négligemment Alfred.

— Je suppose que tu considères ce genre d’exercice comme faisant partie de son instruction. — La voix d’Augustin devenait sèche.

— Il en serait autrement, que je ne pourrais l’empêcher. Henrique est une espèce d’ouragan ; depuis longtemps sa mère et moi avons lâché les rênes ! D’ailleurs, avec Dodo, il a affaire à un parfait lutin, qui ne sent pas les coups. Le fouet ne l’incommode nullement.

— Serait-ce là ta méthode pour fixer dans la mémoire de Henrique le premier axiome du catéchisme républicain : « Tous les hommes sont nés libres et égaux ? »

— Bah ! une des sentimentales farces françaises de Tom Jefferson. Il est vraiment ridicule que de pareilles fadaises aient cours encore aujourd’hui parmi nous.

— Parfaitement ridicule ! dit Saint-Clair d’un ton significatif.

— Attendu, poursuivit Alfred, que nous pouvons assez voir qu’il n’est point vrai que tous les hommes naissent libres, point vrai que tous naissent égaux. C’est précisément le contraire. Pour ma part, il y a beau temps que moitié de cette phraséologie républicaine n’est pour moi