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— Vous l’avez frappé sans qu’il eût rien fait pour être battu…

— Un petit arriéré soldé. C’est pour toutes les fois qu’il mérite d’être rossé, sans que je le batte. Quelques bons coups de fouet sont toujours de mise avec Dodo. C’est, je vous l’assure, un franc vaurien. Mais, allons, puisque cela vous contrarie, je ne le frapperai plus jamais devant vous. »

Éva était loin d’être contente, mais elle sentit qu’elle essaierait en vain de se faire comprendre de son beau cousin.

À l’instant reparut le petit mulâtre amenant les deux chevaux.

« À merveille, Dodo : cette fois tu t’en es tiré fort joliment, dit son jeune maître d’un air gracieux. Approche, et tiens le poney de miss Éva, pendant que je l’aide à le monter. »

Dodo se tint debout devant le cheval d’Éva ; mais sa figure était bouleversée, et à ses yeux on voyait assez qu’il avait pleuré.

Henrique se piquait de galanterie et d’adresse ; il eut bientôt mis sa belle cousine en selle, et réunissant les rênes, il les lui présenta.

Mais Éva se penchait du côté où se trouvait Dodo, et comme le petit mulâtre venait de lâcher la bride, elle lui dit :

« Vous êtes un bon garçon, Dodo ; — grand merci ! »

Dodo, ébahi, regarda cette douce figure, ses joues se colorèrent et les larmes lui vinrent aux yeux.

« Ici, Dodo ! » cria son maître d’un ton impérieux.

Le mulâtre s’élança, et tint le cheval arabe pendant que son maître le montait.

« Voilà un picayune pour toi, Dodo ; va t’acheter du sucre candi ; va ! »

Et Henrique s’éloigna au petit galop avec Éva. Dodo suivit longtemps des yeux les deux enfants. De l’un, il avait reçu de l’argent ; de l’autre, ce qui manquait le